Six heures, ce matin d’été,
Tu regardes tes enfants, ta chair, ta liberté.
Endormis, dans leur lit douillé,
Il est trop tard pour les voir se réveiller.
Six heures, l’heure des huissiers,
De ta fenêtre, tu les vois venir t’expulser.
Toutes ces nuits passées à pleurer,
Ils diront que tu ne voulais pas être aidée.
Six heures, ils viennent violer ton domicile
Mais tu n’es pas l’ami du président
Tu n’as qu’un cœur et un caractère docile
Pour te protéger des lois de l’argent
Six heures, tu les as embrassés,
Doucement, sans les réveiller.
Tes pleurs, tu les as étouffés,
Pour les laisser encore rêver.
Six heures, tu as sauté,
Sous les yeux des policiers,
Tu meurs dans une cité,
Où le malheur est pauvreté.
Six heures, on t’a poussé à mourir,
Personne, évidemment, ne sera limogé,
Car seul le trottoir semble rougir,
La honte n’étant due qu’aux gens friqués
Six heures, loin de l’île de beauté,
L’égoïsme institutionnalisé fait rage.
Ils diront que tu étais déprimée,
Qu’il ne faut y voir aucun message.
Un fait divers, en plein été,
Le cynisme a signé au bas de la page.
Aux airs de l’inhumanité,
Une triste société mène son ouvrage.
Allover 2008