Assis sur sa montagne, tel un dieu aux milles reliques,
Le marchand d’exemples tissait une trame maléfique.
Il soufflait, aux quatre vents, des menaces apocalyptiques
Qui laissaient, aux passants, le goût amer du tragique.
Une fleur poussée, par la vie, sous ses airs hypnotiques,
Suivait la courbe solaire, en dépit de sa rhétorique,
Seule lueur à laquelle ses pétales donnaient la réplique
Par des couleurs à la nitescence galactique.
L’insoumise agaçait le spéculateur en casuistique,
Dont l’humeur s’enflammait à la vue des sceptiques.
Il jura, sur son mont, la mort de ce cœur agnostique,
Pour que s’éteigne sa beauté devenue anachronique.
Comme ses sœurs, qu’elle étouffe ses airs bucoliques,
Qu’elle vénère la grisaille par peur d’un destin tellurique,
Que ses rêves ne soient que mortels et prophétiques,
Fuyant l’enfer, qu’elle le vive sur terre par tactique.
Irrésistiblement attirée par la clarté de l’astre photonique,
La frêle plante se dressait, éclatante flamme exotique,
Délivrant, au monde, sa vie : une symphonie chromatique.
Apprêtée de mille coloris, elle donne au vent sa rythmique.
Les fleurs aux teintes grises et à la posture monastique
Relevèrent leur corolle vers cette vision mirifique.
Les rumeurs de ces saintes, éprises de son allure magnifique,
Se firent envol de pollen, floraison atavique.
Elles oublièrent les mornes cantiques,
Exhalèrent milles odeurs, fragrances magiques.
Les airs sont les supports artistiques
Où leurs cœurs dansent et s’imbriquent.
L’orateur, sur son trône, frissonna à cet air poétique,
Oubliant ses sermons sur les jours fatidiques.
Rêveur, sous les ocres, il se changea en un être stoïque,
Humant le pollen auquel il se croyait allergique.
Allover 2010